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Mathématiques dans l'histoire
Atteindre l'inaccessible
Au-delà de la capacité de compter le nombre d'objets ou de mesurer une quantité d'objets, les mathématiques permettent d'atteindre ce qui a priori ne nous est pas immédiatement accessible. Ainsi, c'est par la mesure puis par la géométrie que les astronomes grecs pouvaient prévoir certains phénomènes astronomiques... sans pour autant se rendre dans l'espace. C'est pas la géométrie que les grands explorateurs pouvaient établir des cartes permettant à d'autres de saisir où se trouvaient les nouvelles terres. C'est par les statistiques que les médecins du XIXe siècle purent prédire l'efficacité des vaccins ou de nouvelles pratiques d'hygiène publique.
Cinq dates repères
Ligne du temps globale
323 av. J.-C. : Mort d'Alexandre le grand
Alexandre le Grand, fils de Philippe roi de Macédoine, a piqué
l'imagination populaire du fait de sa jeunesse, de son amour
quelque peu excessif de la vie, et surtout du fait de son empire
qui allait de l'Égypte jusqu'aux berges du fleuve Indus. Génie
politique, il a obligé ses soldats à prendre racine dans les
contrées conquises. De la sorte il a contribué grandement au
mélange de trois des plus grandes civilisations de son époque
(excluant la Chine), soient les civilisations grecque, égyptienne
et mésopotamienne. Il meurt en 323 avant J.C., à Babylone, âgé de
32 ans seulement.
Après sa mort, son empire est partagé entre ses généraux qui se
donnèrent alors le titre de diadokhos, titre qui signifie
«successeur». Deux royaumes issus de cette division de l'empire
sont particulièrement importants : l'Égypte, dont le général
Ptolémée devint le premier pharaon de la dernière dynastie
(Cléopâtre étant le tout dernier pharaon), et la Mésopotamie sous
la houlette du général Séleucide. Ces deux généraux continuèrent
l'oeuvre de mélange des civilisations au profit de la civilisation
grecque qui domine ainsi de plus en plus l'est du monde
méditerranéen et du Moyen-Orient.
Alexandre marque une brisure dans l'évolution de la civilisation
grecque. Pour bien marquer cette brisure, les historiens ont
appelé la période qui précède la mort d'Alexandre la période
hellénique. La période postérieure porte le nom de période
hellénistique. Pour donner une idée des différences qui
caractérisent et différentient ces deux époques, disons simplement
pour l’instant qu'avant 323 av. J.C., le centre de la civilisation
grecque se trouvait principalement en Grèce elle-même et dans les
colonies grecques du sud de l'Italie. Avec Alexandre, et surtout
son diadogue Ptolémée, le centre intellectuel se déplace vers
Alexandrie, et ce jusqu'à la fin de l'Empire romain. Qui n'a pas
entendu parler de la grande bibliothèque d'Alexandrie,
probablement la plus grande et la plus riche bibliothèque de
l'Antiquité? Mais, au-delà de ces mouvements géographiques, il y a
une modification des habitudes intellectuelles. Au cours de la
période hellénique, les philosophes élaborent des systèmes très
globaux: Pythagore, Platon, Aristote. À Alexandrie, les
scientifiques se détachent de la philosophie et poursuivent seuls
brillamment leur chemin. Les noms de la science grecque parmi les
plus connus appartiennent à cette période. Pensons à Archimède, à
Euclide, et, pour la médecine, à Galien.
476 : Fin de l'Empire romain d'Occident
Comme nous le voyons sur la ligne du temps, le monde romain situe
son origine en 750 av. J.C. Leur empire se terminera avec la
destitution d'un dernier empereur en septembre 476 apr. J.C.
Remarquez le «d'un». À cette époque, un autre empereur romain
règne plus à l'est, à Constantinople, ville appelée autrefois
Byzance, aux confins de l'Europe et de l'Asie. (Aujourd'hui cette
ville se nomme Istanbul). C'est qu’à la suite de la mort de
l'empereur Théodose en 395, l'empire est divisé en deux. La
frontière est une ligne droite nord-sud qui passe en gros entre
l'Italie et la Grèce. Cette division est importante, car elle
accentue la différence qui a toujours existé entre la partie
occidentale de l'empire, dont la langue de communication est
plutôt le latin, et la partie orientale, dont la langue de
communication est plutôt le grec. Lorsque l'Empire romain d'Occident
s'écroule en 476, l'Empire romain d'Orient survit. Il survivra avec plus
ou moins de bonheur jusqu'en 1453. Pensez-y! Encore près de
mille ans...
Cette division du monde méditerranéen éloigne l'Occident de ses
sources grecques. Il entraînera un isolement de ce qui deviendra
l'Europe occidentale. D'une part, les conditions de vie de cette
région, avec son instabilité chronique, obligeront les gens à
consacrer leurs efforts à survivre dans un contexte toujours
hostile. L'éparpillement du pouvoir, dans un contexte de violence
généralisée, se montre peu propice aux travaux de l’esprit. Les
richesses intellectuelles de la Grèce antique échappent peu à peu
aux Occidentaux.
632 : Mort de Mahomet, le fondateur d'un empire en croissance rapide
En 622, Mahomet fuit La Mecque. Ses efforts pour entraîner à sa
suite les tribus de la péninsule arabique commencent à porter
fruits. De fait, cette «croisade» continuera et même s'accentuera
après la mort du prophète. Jusqu'alors byzantine, Alexandrie est
prise dès 642 par les mahométans. Au début du VIIIe siècle, toute
l'Afrique du nord et même l'Espagne sont sous domination
musulmane. À l'est, leur empire s'étend jusqu'à l'Indus, comme
autrefois celui d'Alexandre.
Malgré des bavures, comme l'incendie de la célèbre bibliothèque
d'Alexandrie, la poussée arabe amène une stabilité nouvelle qui
favorise les arts et les lettres. Un peu rustres au départ, les
Arabes ne tardent pas à prendre conscience des richesses des
civilisations qu'ils ont conquises. Les motifs religieux
originellement à la base de leur élan se nuancent peu à peu.
Bientôt, des écoles remarquables se développent dans les grands
centres. On y étudie entre autres les textes grecs. Conséquence
des Croisades (XIe-XIIIe siècle), les Européens établissent des
liens avec les Arabes à la frontière «franco espagnole».
L'héritage grec redevient accessible aux Européens. Des
traductions latines des grands textes grecs sont produites. Mais
elles laissent souvent à désirer. Elles sont habituellement la
dernière d'une série de traductions successives: du grec à
l'araméen, à l'arabe, à l'hébreu et finalement au latin.
Néanmoins, le XIIIe siècle mérite bien son nom de «Première
Renaissance». Un mouvement qui trouvera son aboutissement dans la
«vraie» Renaissance est enclenché.
1453 : Prise de Constantinople par les Turcs
Du XVIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, l'Empire ottoman
couvre une partie de l'Europe de l'Est et du Moyen-Orient. Cet
empire est toujours d'actualité. Les séquelles de la domination
turque en Bosnie et en Serbie nous sont rappelées quotidiennement
dans les journaux. Historiquement, cet empire est le véritable
responsable de la fin de l'Empire romain d'Orient, autrement dit
de l'Empire byzantin. En 1453, le 29 mai, le sultan Mahomet II
prend la ville après un pénible siège.
Les derniers vestiges de la puissance de Rome et de son empire
disparaissent. La prise de Constantinople par les Turcs est donc
un événement important. Mais son importance dépasse le niveau
politique. La fin de l'Empire byzantin marque le début d'une
importante émigration des intellectuels byzantins vers l'Italie.
Ceux-ci transportent avec eux des fragments de leurs bibliothèques
qu'ils revendront aux mécènes italiens.
La connaissance du monde grec s'était faite jusque là
principalement par l'intermédiaire de traductions de textes
eux-mêmes issus de traductions successives. Maintenant, les
intellectuels d'Europe commencent à avoir accès à des textes qui,
bien qu'ayant été copiés plusieurs fois, sont en grec, la langue
originale de leur auteur. Le travail de comparaison entre d'une
part les traductions des grands textes grecs et d'autre part les
textes grecs originaux permet le développement de la
philologie. L'on devient de plus en plus critique face à la
tradition. Ainsi se développe l'humanisme du XVIe siècle.
Progressivement, non seulement les humanistes comprennent-ils de
mieux en mieux les grands penseurs grecs, mais bientôt ils les
imitent et les dépassent. La Renaissance est donc bien plus qu'un
retour aux Grecs. Elle est aussi la naissance d'une nouvelle
civilisation qui ne viendra à terme avec elle-même que dans ces
dernières années du XXe siècle. La Révolution scientifique, dont
les gens du XVIIe siècle furent les acteurs et les témoins,
constitue une des suites les plus remarquables de la Renaissance.
1789 : Révolution française
L'on peut dire que la Révolution française est aussi une séquelle
certes plus éloignée, de la Renaissance. Pour les sciences, la
Révolution française apporta un changement fondamental dans la
place occupée par les scientifiques dans la société. Par voie de
conséquence, l'enseignement de sciences évoluera profondément au
cours des trois décennies qui suivirent la chute de la monarchie
en France. Notons entre autres la création de véritables écoles
scientifiques pourvues d'un corps professoral dont on attend à la
fois un enseignement, mais aussi de la recherche. Dans les écoles,
les étudiants doivent faire appel à beaucoup plus que leur
mémoire. Les cours magistraux sont suivis de sessions de travaux
pratiques pendant lesquels les étudiants développent leurs
capacités à résoudre des problèmes. De cette combinaison de
l’enseignement et de la recherche découle la création d'une
communauté scientifique de plus en plus grande et active. Les
sciences connaîtront un développement remarquable aux multiples
ramifications dans la société. Dès lors, les sciences seront vues
comme des outils du progrès social. Une ère nouvelle s'ouvre pour
les sciences. Nous y sommes encore.
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