La Nouvelle-France
La chaire royale de mathématiques et
d'hydrographie (1678-1759)
- Jean Bourdon (1601-1668)
- Martin Boutet de Saint-Martin (1616-1683)
Premier titulaire [1678]
- Jean-Baptistie-Louis Franquelin
(1652-1718), [1687-1692]
- Louis Jolliet (1645-1700), [1697]
- Jean Deshays (?-1707), [1703-1706]
- Les jésuites de
Québec : 1709-1759
Le collège de Québec
(fondé en 1635, fermé en 1757)
Le collège de Québec fondé en 1635
(avant 1878, date de sa démolition)
- Le programme au
XVIIe siècle (Selon ce qu'on faisait en France)
Les
humanités (6 ans)
Les années de philosophie
(à partir de 1660 à Québec) 1ère : Logique,
2ème Physique (en alternance)
Programme
selon le manuel de l'abbé Sauri (France) (3 à 10
étudiants par années)
-
Mathématiques
pures :
-
arithmétiques,
algèbre, géométrie,
trigonométrie rectiligne
-
Mathématiques
mixtes :
-
géométrie
pratique : longimétrie, planimétrie,
stéréométrie
-
mécanique
: science des forces et de l'action des corps
-
hydrostatique
-
astronomie
sphérique (mathématiques reliées aux
globes célestes)
-
gnomonique
-
optique
: perspective, dioptrique, catoptrique
-
traité
de fortification (parfois)
-
pyrotechnie
(parfois)
Recommandations
de l'Abbé Sauri dans ses Institutions mathématiques : Je
conseillerois encore à Messieurs les
professeurs de philosophie d'enseigner mes institutions au commencement
du
Cours, ou du moins, d'enseigner l'Arithmétique, les quatre
premières règles de
l'algèbre, avec les notions de Géométrie contenue
dans le n° 1, p. 141 jusqu'au
n° 7 p. 147 inclusivement. Cette attention mettra leurs
écoliers en état de
mieux entendre la Logique et la Métaphysique. Dans la
Logique même, on parle souvent de triangles, de cercles,
&c. À de jeunes gens qui n'ont aucunes connoissances
connoissances de ces figures; comment veut-on qu'ils entendent quelques
choses
aux explications du Professeur?
De la conquête (1760) à la rébellion de 1837 et à l'Union
(1840)
- Le Séminaire de
Québec (Thèse de 1775)
- arithmétique
élémentaire,
- algèbre et de calcul des proportions
suivis de problèmes d'algèbre de une à
quatre inconnues,
- des énoncés sur
les progressions arithmétiques et
géométriques descendantes et
ascendantes,
- des problèmes d'algèbre du second
degré,
- des problèmes sur les
alliages, les escomptes directs et inverses,
- des
propositions de géométrie
élémentaire (jusqu'aux triangles
semblables),
- de
géométrie pratique et trigonométrie.
- Le Séminaire de
Québec (Thèse de 1790)
- L'Algèbre (2 propositions)
- La
Géométrie (11 prop.)
- La Trigonométrie rectiligne
(5 prop.) et la Trigonométrie
Sphérique (8 prop.)
- Sections Coniques (1 prop.), Parabole (4
prop.), Ellipse
(9 prop.), Hyperbole (8 prop.)
- Courbes Algébriques (2 prop.)
- Calcul
différentiel et intégral (11 prop.)
- La Mécanique (6 prop.)
- Le jet des bombes
(2 prop.)
- La Statique (3 prop.), l'Hydrostatique
(4 prop.), l'Hydraulique (9
prop.), l'Optique (15 prop.), l'Astronomie (9 prop.), les Pendules (3
prop.)
- Les collèges
classiques
- 1765 : Séminaire de
Québec
- 1765 : Collège
Saint-Raphaël, Montréal (Humanités, 1790
: ajout des classes de philosophie
- 1803 : Collège de Nicolet
- 1811 : Séminaire de
Saint-Hyacinthe
- Puis des vaques de fondations : 1830.
1846-1847 (1900, 1946 et +)
Commentaires
des marguillés de la paroisse Notre-Dame de
Montréal à Mgr Hubert de Québec,
à propos du collège Saint-Raphaël : ... qu'on s'y est
bien à la vérité efforcé de
rendre nos enfants capables d'entrer dans l'état
ecclésiastique, mais que ceux qui n'ont pas eu cette
vocation sont rentrés chez leurs parents, ignorant
entièrement tout ce qui est nécessaire pour se
soutenir et s'avancer dans le monde que plusieurs d'entre eux,
dédaignant la profession manuelle de leurs pères,
ont cru se ravaler en suivant leurs métiers, et
étant trop agés pour s'assujetir aux devoirs des
écoles d'écritures, d'arithmétique et
autres branches essentielles pour tout état et
particulirement celui de citoyen, ils sont devenus des êtres
à charge à leur famille, souvent des objets de
scandale à la religion et presque toujours des membres
inutiles à la patrie.
Classe de philosophie : nom des deux années
(selon les livrets d'information) :
- 1790 : Logique
: métaphisique, morale, puis Physique,
mathématiques
- 1816 : Logique
: métaphysique, morale, partie de mathématiques,
puis Physique,
mathématiques
- 1838 : Mathématiques
: algèbre, géométrie, calcul
différentiel et intégral, sections coniques, puis Physique, chimie.
Les humanités au Séminaire de Québec,
après 1830
- 8e et 7e (préparatoire) : arithmétique
- 6e et 5e : fractions ordinaires et décimales
- 4e : tenue de livre, initiation au système métrique
- 3e, 2e, 1ère : algèbre, notions élémentaires de géométrie
1841 : Commentaires du Canadien suite aux exercices publics du séminaire de Québec
... Hâtons-nous
maintenant d'arriver aux mahtématiques. Ici, nous
éprouvons un sentiment d'orgueil pour Québec et pour le
pays ; nous osons le dire, il n'y a peut-être pas sur tout le
continent américain une école de mathématiques qui
soit comparable à celle du petit séminaire de
Québec. Toutes les branches des mathématieus y sont
enseignées, telle que l'arithmétique ordinaire,
l'algèbre, la géométrie, les deux
trigonométries rectiligne et sphrique, les sections coniques et
les calculs différentiel et intégral. Tous ceux qui ont
été interrogés sur les différentes parties
de cette sicence ont très bien répondu ; mais c'est
surtout sur le calcul différentiel et sur le calcul
intégral qu'ils se sont distingués ; leurs réponses
fermes et assurées ont dû étonner ceux qui
connaissent les difficultés que l'on éprouve à
retenir dans son esprit l'enchaînement
des conséquences qui mènent à la solution
d'un problème. Aussi, c'était cette manière de
répondre qui faisait dire, il y a trois ans, à un
étranger distingué, qu'il n'aurait jamains cru qu'il y
eut une école de mathématiques si formt au Canada.
Peut-être cette année son étonnement eut-il encore
été plus grand.
(tiré de Lortie, . 1955, Les mathématiques de nos ancêtres, Mémoirs de la Société Royale du Canada, t. XLIX : Troisième série, juin 1955, première section, p. 31-45.
Pourquoi cette plus grande importance des mathématiques ?
- Fin de l'alternance des classes de philosophie
- Introduction des mathématiques dans les Humanités
- Mais au-delà :
- Besoin pratiques : pour les professions
libérarles (ce n'est qu'en 1890 que la philosophie est
nécessaire pour entrer dans les professions
libérales)
- L'éclectisme dans l'Église catholique : connaîtres les «ismes » pour mieux les combattre
Ratio Studiorum (jésuites, 1832) La
nécessité des temps exige qu'on donne plus d'importance
qu'autrefois aux sciences physiques et mathématiques. Jamais,
d'ailleurs, la Compagnie n'a regardé ces études comme
étrangères à son Institut, et nous n'avons pas le
droit de négliger des matières qui sont si fort
estimées de notre temps et sans lesquelles nos écoles ne
sauraient soutenir leur honneur ni répondre à l'attention
générale. Que si l'on a beaucoup abusé de ces
sciences contre notre sainte religion, c'est un motif, pas pour les
abandonner, mais bien au contraire pour que les nôtres s'y
adonnent avec d'autant plus d'ardeur, afin d'arracher les armes aux
ennemis et d'employer à la défence de la
vérité les moyens dont ils abusent pour la combattre.
- Révolution industrielle
- Quelques hommes :
- Jérôme Demers (1765-1853) à Québec, physique, architecture, conseiller politique
- François Desaulniers à Nicolet (Va
étudier à l'étranger, à l'université
Georgetown près de Washington en 1833-1834), enseigne jusqu'en
1856.
- Isaac Desaulnier à Saint-Hyacinthe (Va étudier
à l'étranger, à l'université Georgetown
près de Washington en 1833-1834), enseigne les sciences
jusqu'en 1840 (puis la philosohpie).
Isaac Desaulniers, du Séminaire de Saint-Hyacinthe, vers 1851
- John Holmes (1799-1852) (et son voyage en Europe pour,
entre autres, équiper les laboratoires des collèges
classiques)
- 1830-1849 : préfet des études du Séminaire de Québec
- spécialisation des enseignants de philosophie
- valorise les thèses publiques
- fin de la copie des cahiers -> réimpression du livre de Bouthillier.
- Le mélange des élites anglaise et
française : les sociétés scientifiques mixtes, la
force des élites séculières.
La deuxième moitié du XIXe siècle : Les
mathématiques en perte de vitesse...
Enseignement classique,
- junior : philosophie (logique, métaphysique)
- sénior : philosophe (théologie naturelle et morale).
-
humanités
- Dans les années 1850 : retrait des
mathématiques des classes de seconde (belles-lettres) et
rhétorique.
Les causes :
- La séparation des élites anglaise et française :
- vers un activisme politique des élites
- l'intérêt pour les sciences passe au second plan
- l'enseignement devient le monopole de l'église dans la société québécoise
- Auto-image des québécois francophones (après 1850) :
- Les anglais : bons en sciences et en finance
- Les canadien-français : bon dans les arts et les lettres
- L'Église catholique n'a plus d'opposants en ce qui a trait à l'éducation
- Contre les « ismes » : l'Église développe une attitude intolérante et triomphante.
- Le cours classique est vu comme le lieu de formation des élites, en particulier pour la prêtrise.
- Les sciences passe au second plan, car non nécessaire pour la formation de ces élites.
- Le latin supplante les mathématiques comme formateur de l'esprit
- L'abbé J.S. Raymond, dans son Entretien sur les études classiques, Saint-Hyacinthe, 1972 : (p. 7) Il
est raconté d'un géomètre grec qu'ayant,
après une longue étude, trouvé la solution d'un
problème difficile et important, il allait partout
s'écriant avec une expression de joie extraordinaire : Eureka :
j'ai trouvé. L'élève qui voit qu'il a compris le
sens de son auteur éprouve quelque chose de cette satisfaction ;
il goûte du bonheur à sentir dans son intelligence assez
de lumière pour pénétrer dans le secret que lui
cache une langue étrangère. (...) (p. 25)
Il n'y a qu'une année d'études philosophiques proprement
dites : Vous savez que dans les deux dernières années du
cours, les sciences physiques prennent au moins la moitié du
temps. Les amis du progrès matériel ne trouveront rien
à dire sans doute à l'égard des
Mathématiques, de la Physique, de la Chimie. N'est-ce pas
à la connaissance approfondie de ces sciences qu'est dû le
mouvement matériel dont s'applaudit notre siècle ? Ceci
est trop évident pour être contesté.
- L'abbé L.A. Paquet, L'Église et l'éducation à la lumièe de l'hsitoire et des principes chrétien, 1909 : Or
l'expérience de je ne sais combien de siècles a
constaté et enseigné qu'il n'y a rien comme
l'étude des langues classiques pour développer et
mûrir les facultés de l'esprit des jeunes gens. La version
grecque et la version latine captivent toutes leurs facultés,
les astreignent à la réflexion, à la discussion
d'un texte, pendant des jours, sans distraction possible, avec
l'ambition de trouver et la satisfaction d'avoir trouvé par
eux-mêmes un sens et le vrai sens
; ce que ne saurait faire aucune étude pratique, sauf
peut-être les mathématiques qui deviendraient
desséchantes au possible si elles étaient seules.
- La fondation de la Faculté des arts
de l'Université Laval : Un nivellement par le bas dans les
collèges classiques, pour que tous les collèges de la
provinces
- Pourtant, des hommes ayant une formation
scientifique occupent des postes importants dans la hiérarchie
de l'Église et de l'éducation :
- Mgr Thomas-Étienne Hamel
(1830-1913), deuxième recteur de l'université Laval,
premier québécois à obtenir une licence en
science, de l'École de Carmes à Paris, en 1853.
- Voici ce que dit de lui D. Gosselin (Les étapes d'une classe au Petit Séminaire de Québec, 1859-1868, Québec, 1908) à propos de son enseignement de la lclasse de Philosophie juhior en 1866-1867 : Il
lui manqua le temps de remanier le cours qu'il avait suivi à
Paris, de l'adapter à un autre milieu, d'en réduire les
proportions, de le mettre à la portée d'étudiants
dont plusieurs ne savaient presque rien, même en
arithmétique. L'heure du cours quotidien se passait à
copier - à toute vapeur - ce que l'on nous dictait. Sous le
titre de "théorie des limites", incompris du grand nombre, il me
souvient d'avoir grifonner quatre cent lignes d'une écriture
fine et serrée. Le temps libre qui suivait chaque cours
suffisait à peine à réviser et à corriger
les pages manuscrites. Le moulin à problème, il nous
forçait rarement à le tourner, se contentant de nous
livrer les formules sans lesquelles, il ne pouvait être mis en
mouvement. Ces opérations qui ne sont que l'application des
principes, et avec lesquelles il importe de se familiariser, elles
étaient laissées à l'initiative de chacun. De
plus, l'arithmétique eut la part du lion, près de six
mois sur dix. Il en restait à peine quatre pour
l'algèbre, la géométrie et la
trigonométrie. Cette dernière, nous ne pûmes la
voir qu'à vol d'oiseau. La résultante, facile à
prévoir, fut peu consolonate pour le professeur, peu glorieuse
pour les élèves. (...) Bien peu mordaient aux
mathématiques, il serait puéril de le nier, et nous avons
suivi ce cours plutôt en amateurs.
- Mgr Jean Langevin (1821-1892) ,
professeur au Séminaire de Québec (1838) , premier
principal de l'École normale Laval et premier
évêque de Rimouski, auteur du premier livre de calcul
différentiel et intégral publié au Canada : Traité élémentaire de Calul différentiel et intégral, 1848.