Les fractions
Problématiques de l'histoire des fractions
- Pour nous, il y a trois sens à l'expression
a/b : division, rapport, fraction
- Rapport : une comparaison
- Fraction : Mesure
- Rapport de mesures
- Fractions communes (tant de parties dans
un tout divisé en un certain nombre de parties égales)
- Fractions décimales
- Il faut aussi s'intéresser à deux aspects de
chacun des ces aspects :
- Le symbolisme, et les manipulations
opératoires qui y sont appliquées
- Les appellations utilisées
L'Antiquité
-
Dans les mathématiques nobles - Grèce
Pythagore
- le rapport numérique permet de découvrir
les relations cachées dans la nature.
Musique, médecine, etc.
- La découverte des incommensurables :
besoin de rapport entre grandeurs incommensurables. Rôle
central de la géométrie.
Platon : le calcul noble, rôle de la
monade.
- L'arithmétique est divisée en deux parties
:
- L'arithmétique pratique, issue de
mesures d'objets réels (les objets sont indéfiniment
divisibles)
- L'arithmétique théorique, basée sur la
notion de monade, indivisible, le Un absolu.
- La fraction (rapport numérique ou rapport
de grandeurs) n'est pas un nombre. Le Un n'est d'ailleurs
pas non plus un nombre.
- Difficultés des relations entre nos trois
sens de fractions :
- Les rapports se traitent dans le cadre
de la géométrie (Euclide, Éléments, Livre V),
sans référence à quelque mesure que ce soit. Non
numérique.
- Les fractions :
comparaison de deux nombres, donc en arithmétique.
Dans l'arithmétique, vue plutôt comme un changement
d'unité de mesure.
- La division :
application des aires, si en géométrie (changement de
dimension), sens arithmétique, si en arithmétique.
-
Les mathématiques de bas étage
Égypte (Papyrus de Rhind, par le scribe
Ahmes, vers -1550 av. notre ère)
- Fractions unitaires
(Smith, D.E., History of Mathematics, tome 2,
p. 422.)
Les trois premiers
hiéroglyphes signifient « masse » (prononcé ahe
ou hau) et tient lieu d'inconnue.
La fraction 2/43, semble à la fois un
rapport et une division (2 divisé en 43 parties).
- Importance des rapports : la règle de
fausse position
Problème 24 : Une
quantité et son septième ajoutés ensemble deviennent
dix-neuf. Quel est cette quantité ?
Supposons 7
Autant de fois 8 doit être multiplié pour
donner 19, autant de fois 7 doit être multiplié pour
donner le nombre requis.
|
1
|
8
|
\
|
2
|
16
|
|
1/2
|
4
|
\
|
1/4
|
2
|
\
|
1/8
|
1
|
Total
|
2 1/4 1/8
|
|
\
|
1
|
2 1/4 1/8
|
\
|
2
|
4 1/2 1/4
|
\
|
4
|
9 1/2
|
Fait cela donc :
La
quantité est
|
16 1/2 1/8
|
1/7
|
2 1/4 1/8
|
Total
|
19
|
- Exercice : Résoudre Une quantité et
son cinquième ajoutés ensemble deviennent vingt-et-un.
Quel est cette quantité ?
- Exercice : Que devait faire le scribe pour
mettre au carré le nombre fractionnaire 61 1/3 1/9 ?
(voir Smith, t. 2, p. 224)
Mésopotamie
- Extension du système positionnel
sexagésimal
Exemple d'écriture
(Tiré de van der Waerden, Science
Awakening)
- L'opération de division s'opère à l'aide
d'une table d'inverses.
Voici le début d'une telle table. N.B. Il
manque des inverses (pourquoi ?) :
1:2
|
30
|
|
1:8
|
7;30
|
1:3
|
20
|
|
1:9
|
6;40
|
1:4
|
15
|
|
1:10
|
6
|
1:5
|
12
|
|
1:12
|
5
|
1:6
|
10
|
|
1:15
|
4
|
(tiré de Van der Waerden, Science
Awakening, p. 43)
Un exemple de problème où par ailleurs la
table est inutile, mais où on voit clairement la
manipulation des fractions
J'ai additionné sept fois le côté de mon
carré et onze fois la surface : 6°15'. Tu inscriras 7 et
11. Tu porteras 11 à 6°15' : 1`8°45'. Tu fractionneras
en deux 7 : 3°30'. t croiseras 3°30' et 3°30' : 12°15'.
Tu ajouteras à 1`8°45' : 1`21°. C'est le carré de 9. Tu
soustrairas 3°30', que tu as croisé, de 9 : tu inscriras
5°30. L'inverse de 11 ne peut être dénoué. Que dois-je
poser à 11 qui me donne 5°30' ? 30', son quotient. Le
côté du carré est 30'.
(Tiréde Dedron, Itard, Mathématique et
Mathématiciens)
La Grèce hellénique (Smith,
D.E., History of Mathematics, t. 2)
Habituellement, écriture sou forme de fraction
unitaire : une ou des lettres grecques représentant un nombre
accompagnée(s) d'un symbole (parfois un ") indiquant qu'il
s'agit d'une fraction.
1/3 :
|
1/4: |
Quelques fractions ont des symboles
particuliers, par exemple, 1/2,
, 2/3,
, qui signifie 1/2 + 1/6.
Chez Aristarque (v. 260 av. notre ère)
10 soixante et onzième : .
Ou encore 2/5 :
La Grèce hellénistique
Héron d'Alexandrie (v. 50) et Diophante (v.
275)
On retrouve la forme actuelle, mais sans
barre et inversée. 19/4 s'écrit 19 au-dessous de 4.
Diophante (v. 275), dans son Arithmétique
Il développe aussi une notation
pour ce que nous écrivons 1/x, 1/x2 :.
Remarquons l'usage de la monade, spécifiquement représentée.
Les fractions sont tout de même manipulées comme des
nombres.
Dans la vie de tous les jours
La notation des fractions dans la vie de tous
les jours est toutefois évitées par l'usage des unités de
poids, qui servait aussi pour la monnaie. Ainsi,à Alexandrie
au début de notre ère, on avait la table de correspondance
suivante, à partir de la plus petite unité de mesure, le
chalque :
Chalque
Huit chalques est une obole
Six oboles est une drachme
Cent drachmes est un mna
Soixante mnas est un talent
:
Il faut retenir le facteur de passage d’une
unité à l’autre, car elles sont chaque fois différentes Les
calculs s’en trouveront d’autant complexifiés. Cela nous
rappelle le système anglais avec ses pieds, ses verges, ses
milles. Par ailleurs chaque unité a un symbole :
Un chalque : X, une obole : I, une drachme :
, un mna : H, un talent : T.
Il est aussi possible d’écrire des parties
d’oboles. Ainsi la demi-obole se note C, le quart d’obole
est représenté par T (à ne pas confondre avec le talent,
même si le symbole est identique) et le huitième, le
chalque, par X. Pour écrire une fraction de drachme, on se
ramène à l’obole et à ses subdivisions. Ainsi, pour la
huitième partie de drachme, on écrira C X X. Pour la
quatrième partie, on écrira I C. Les enfants avaient ainsi à
apprendre des tables de « fractions ».
On voit ces symboles sur la table à calculer
de Salamis.
Les fractions unitaires restent
les fractions utilisées dans la vie de tout les jours, si
des fractions doivent effectivement être utilisées. Ainsi,
une expressions comme « quinze seizième » sera écrite comme
1/2 + 1/4 + 1/8 + 1/16. (Smith, D.E., t. 2, p. 214)
Rome
À Rome, l'élève doit apprendre un autre
système de fractions, basé sur douze, le toute avec un
vocabulaire complexe :
Calcus
Huit calcus est un scrupule
Vingt-quatre scrupules est une once
Douze onces est un as (monnaie) ou livre (poids)
On voit, avec ce second exemple, que les
systèmes de mesure dont le facteur de conversion varie d’un
niveau de passage à l’autre sont la règle. La belle
régularité de notre système international constitue en fait
une exception.
À Rome, le vocabulaire de l’once sert souvent
pour nommer les parties d’un tout. Mais ce vocabulaire se
révèle complexe. Pour parler des différents nombres d’onces,
le Romains ne disent pas simplement, « une once, deux onces,
trois onces, …, dix onces, onze onces », mais ils utilisent
un vocabulaire complexe comme le montre le tableau qui suit.
Dans les calculs, on se limite aux scrupules et l’on néglige
les calcus.
Nombre d’onces
|
Nom
|
Symbole
|
Sens du nom
|
12
|
as |
|
|
|
11
|
deunx |
S.....
|
Moins une once (de
uncia) |
10
|
Dextans
ou
Decunx
ou
Semis et triens
|
S....
|
Moins un sixième (d'as)
(de sextans)
dix onces (decem uniciae)
Une demie et un tiers d'as
|
9
|
Dodrans |
S...
|
Moins un quart (d'as)
(de quadrans)
|
8
|
Bes |
S..
|
Deux parties d'as
(bis triens) |
7
|
Septunx |
S.
|
sept onces
(septem unciae) |
6
|
Semis |
S
|
Demi-as
(Semi-as) |
5
|
Quincunx |
.....
|
Cinq onces
(quinquae unciae) |
4
|
Triens |
....
|
Le tiers (d'as) |
3
|
Quadrans |
...
|
Le quart (d'as) |
2
|
Sextans |
..
|
Le sixième (d'as)
|
1
|
Uncia |
.
|
Once |
Par ailleurs ce lourd vocabulaire transforme
les calculs même simples en un difficile exercice de
mémoire. Voici un exemple de la façon dont on récite les
calculs sur les fractions : « Réponds, fils d’Albinus ; si
d’un quincunx (cinq onces) tu enlèves une once, que
reste-t-il ? Allons, qu’est-ce que tu attends pour répondre
? — Un triens. — Bien : tu sauras défendre tes sous ! Si (au
contraire) on y ajoute une once, qu’est-ce que çà fait ? —
Un semis (une moitié). » Pas surprenant que certaines écoles
romaines aient eu un spécialiste, le calculator, qui
enseignait ces manipulations à quelques élèves qui se
destinaient au commerce ou à devenir fonctionnaires.
D’ailleurs on peut ici remarquer que l’usage d’un
vocabulaire étriqué pour les fractions a certainement limité
la compréhension des pauvres élèves, et, sans doute, des
maîtres.
Un dernier exemple :
seize as égale un denarius
un as : denarii semuncia sicilicus (1/24 + 1/48 de
denarius)
trois as : denarrii sextans sicilicus (1/6 + 1/48
de denarius).
En Inde
Origine de notre notation (la position et la
barre, même si elle n'était pas toujours là dans les faits)
Brhamagupta (v. 628) et Bhaskara (v. 1150)
Le monde Arabe
Les fractions « ordinaires »
(Djebbar, A., Le traitement des fractions dans
la tradition mathématique médiévale du Maghreb, Prébublications,
Université de Paris-Sud, Mathématiques, 90-04)
Définition de fraction
En général, une fraction est « une quantité
considérée dans son rapport à un tout pris comme unité. »
(al-Kasi?)
Les traditions reliées aux fractions
- Le calcul indien, utilisant la planche à
poussière.
- Le calcul sexagésimal, pour les astronomes.
- Le calcul digital, avec les mains et les
doigts, dit le calcul arabe.
- Le calcul byzantin, dit le calcul romain.
Nomenclature des fractions
En ce qui concerne la façon de nommer les
fractions, il y a deux grands types de fractions.
- Les fractions ouvertes (ou simples) (1/n, 2
< n < 10), qui ont un mot propre.
1/3 : tult ; 2/3 : deux tulta (On n'utilisait
pas de symboles, seulement des mots)
1/5 : hums ; 3/5 : trois humsa
L'usage de ce vocabulaire rendait au départ la
manipulation des fractions difficile. C'est pourquoi la
méthode digitale était importante. De même pour la méthode
indienne, qui elle utilise un symbolisme.
- Les fractions non ouverte (ou sourdes) (1/n, n
>10) qui sont simplement décrites par une expression comme
« trois de treize parties » pour 3/13.
De ces catégories primaires, Abu-l-Wafa
(940-998) ajoute une autre classification:
- Les fractions exprimables : combinaison de
sommes et de produits de fractions ouvertes. N.B. On voit ici
encore l'importance des fractions unitaires.
Dans le commerce, on rencontre parfois des
transformations comme la suivante :
49/60 = 45/60 + 4/60 + = 30/60 + 15/60 + 4/60
= 1/2 + 1/4 +(2/3)x(1/10)
- Les fractions inexprimables : les autres comme
les fractions de la forme 1/p où p est un nombre premier
supérieur à 10.
Symbolisme (calcul indien)
Numérateur au-dessus du dénominateur, sans
trait. Mais alors possibilité de confusion.
Un exemple : |
|
3 sens possibles:
• 25 + 2/3 + 1/7
|
|
• (5 + 2/3) + (2
+ 1/7) |
|
• (5 + 2/3) x (2 + 1/7) |
Le trait horizontal entre le numérateur et le
dénominateur apparaît dans l'ouest du monde arabe, au Maghreb,
chez al-Hassar (XIIe siècle). Il sera conservé par
la suite.
Un certain symbolisme, avec trait, se développe
pourtant, particulièrement au Maghreb, mais il reste des
ambiguïtés.
|
Deux interprétations |
• a/b(p + (c/d)) |
• (a/b)p + c/d |
|
La multiplication de
a/b par c/d.
|
Opérations sur les fractions
Sept opérations (en Orient) sur les entiers
étendues aux fractions : addition, soustraction, duplication,
dimidiation, multiplication, division , racine nième.
Puis les opérations spécifiques sur les
fractions : conversion (transformer une fraction en une autre
ayant un dénominateur donné, utile pour les opérations
commerciales), simplification, comparaison, réduction au même
dénominateur.
La présentation de ces opérations se fait dans
de multiples sections, sans utiliser la réduction au même
dénominateur pour simplifier les choses. Notez que la somme
d'un entier et d'une fraction est considérée comme différente
de la somme d'une fraction et d'une fraction. D'où le besoin
de plusieurs sections différentes.
Dans les livres, principalement au Maghreb, on
commence le plus souvent l'étude des opérations des fractions
par la multiplication. Cette tradition a été introduite par
al-Khwarizmi.
Les règles pour les opérations d'addition et de
division sont les suivantes:
Remarquons que l'addition ne
demande pas d'avoir le plus petit commun multiple, mais
simplement le dénominateur commun le plus naturel, celui issu
du produit des dénominateurs des fractions additionnées.La
division correspond à mettre les deux fractions sur ce même
dénominateur commun et, alors, à diviser les numérateurs.
La règle de division comme le
produit de l'inverse du diviseur apparaît aussi au Maghreb,
chez MunCim (XIIIe siècle ??) Voici la
démonstation qu'il donne de cette règle :
Soit e = a/b, et r = g/d, on a e/r =
e(bd)/r(db). Mais eb = a et rd = g, donc e/r = ad/bg.
Les fractions
décimales
(Informations et illustrations tirées de R.
Rashed, Entre artithmétique et algèbre, Recherches sur
l'histoire des mathématiques arabes, Paris :
Belles-Lettres, 1984, pp.122-139, 143, 144 et 127.)
Usage local de fractions où 10 jouent un rôle
important, mais où les décimaux sont comme un artifice de
calcul.
La règle des zéros
: (a)1/n = (ax10nk)1/n/10k,
pour k = 1, 2, …
Mais on transforme les réponses en fractions
sexagésimales, ou en une forme non décimale.
Example :
- al-Uqlidisi (952) : pour dire une réponse
trouvée en décimale 0,59375, dira 59 375 de cent mille. «
Son rapport est dit un demi plus un demi huitième plus
un quart de huitième. »
- as-Samawal transforme, avant son traité de
1172, la racine carré de 1020 (31,937) en 31 + 1/2 + 2/5 +
1/5 x 1/10 + 1/10 x 1/10 + 1/2 x 1/10 x 1/10 + 1/5 x 1/10
x 1/10)
Le courant arithmético-algébrique : Al-Karagi
(953-1029) et as-Samaw'al (v. 1130-1180)
Invention des fractions décimales
- Al-Karagi : développement
d'une arithmétique de l'inconnue
- As-Samawal, un disciple d'al-Karagi, dans
son traité Traité d'arithmétique (1172), consacré à
l'extraction des racines et la résolution par approximation
des équations algébriques.
Dans le cadre de l'étude des ces techniques
d'approximation, naîtront les fractions décimales.
Voyons d'abord comment les polynômes
étaient représentés.
Considérons le tableau suivant :
5
|
4
|
3
|
2
|
1
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
x5
|
x4
|
x3
|
x2
|
x1
|
x0
|
1/x1
|
1/x2
|
1/x3
|
1/x4
|
1/x5
|
En écrivant le coefficient des puissances
de l'inconnue dans les colonnes correspondantes, on peut
écrire une expression comme 3x2 + 5 + 1/x,
ainsi :
Dans ce contexte, la règle des exposants,
correspondant à xnxm = xn+m,
s'énonce ainsi :
« Si les deux puissances sont de part
et d'autre de l'unité, à partir de l'une d'elles nous
comptons en direction de l'unité, le nombre des éléments
du tableau qui séparent l'autre puissance de l'unité, et
le nombre est du côté de l'unité. Si les deux puissances
sont du même côté de l'unité, nous comptons en direction
opposée à l'unité. »
La dernière section du traité est consacrée
à cette nouvelle forme de calcul. Elle est intitulée :
« Au sujet de la position d'un principe unique par
lequel on peut déterminer toutes les opérations de la
partition (al-Tafriq) qui sont la
division, l'extraction de la racine carrée, l'extraction
d'un côté par toutes les puissances, et la correction de
toutes les fractions qui apparaissent dans ces
opérations, indéfiniment. »
En identifiant les unités la puissance zéro
de l'inconnue, as-Samawal peut énoncer cette règle et même
l'étendre au cas où x n'est pas une inconnue mais une
valeur numérique… comme 10. Par le transfert des règles
comme celle-ci des polynômes aux tableaux à base 10, il
obtient un système permettant de calculer avec les
décimaux.
0 : parties des unités
1 (à droite) : parties des dizaines
1 (à gauche) : parties des dizaines (en fait les dixièmes)
Voici la racine carré de 10 :
Pour prononcer les fractions,
il les ramène à une fraction sur le dénominateur de la
plus petite fractions décimale. Ainsi, la racine carré de
10 se lit 3 unités plus 162277 parties de 1 000 000
parties. (À la façon habituelle de nommer les fractions
chez les Arabes). Dans la notation, il sépare la partie
décimale de la partie entière par un signe, comme une
barre verticale.
On voit donc que les fractions
décimales viennent de la pratique des opérations sur les
polynômes exprimés sous forme de tableaux.
Après as-Samawal, vers al-Kashi (1436-7)
Il est difficile de savoir quel a été
l'influence des fractions décimales d'as-Samawal. On sait
toutefois qu'elles étaient utilisée par les comptables des
administrations de Tunis, probablement au XIVe
siècle ou au début du XVe siècle.. C'est
toutefois un exemple documenté unique. En était-il de même
dans d'autres administration ? D'ailleurs, il n'est pas
certain que l'usage des fractions décimales aient été fait
avec les même outils que ceux d'as-Samawal et al-Kashi. (Djebbar,
A., Le traitement des fractions dans la tradition mathématique
médiévale du Maghreb, Prébublications, Université de
Paris-Sud, Mathématiques, 90-04, p. 28-29)
Toutefois, dans le livre Clé
d'Arithmétique (1436-7) d'al-Kashi , les fractions
décimales sont non seulement abordées, elles sont aussi
nommées (al-Kusur al a'shariyya), ce que n'avait pas
fait explicitement as-Samawal. Al-Kashi se sert aussi des
fractions décimales dans sont Traité sur la
circonférence du cercle pour approximer Pi, à 16
décimales près. Au-delà du noms données à ces fractions,
deux nouveautés, par rapport à as-Samawal, marque le travail
d'al-Kashi :
- Une analogie explicite et détaillée est
faite avec les fractions sexagésimales
- Les fractions décimales ne servent plus
simplement à approximer les racines, mais aussi les
nombres réels, comme Pi.
Le transfert vers l'Occident
On a peu d'infomations précises sur le
transfert de ces connaissances des fractions décimales vers
l'Occident chrétien. Un manuscrit byzantin apportéà vienne
en 1562, indique tout de même que les Turcs employaient les
fractions décimales pour la multiplication et la division.
Selon ce manuscrit, les calcul se faisaient ainsi:
Énoncé du problème : Calculer le prix de
153 1/2 mesures de sel, le prix de chacune étant de 16 1/4
aspra. C'est-à-dire 153 1/2 • 16 1/4.
Voici le calcul :
Dans cet exemple, les lettres
grecques ont été remplacée (par moi) par nos chiffres.
Remarquons la barre, qui sépare la partie entière de la
partie fractionnaire, et le point, pour le zéro. La
fraction décimale est aussi réécrite en fraction
ordinaire.
L'usage des fraction décimales en Europe
précède l'époque de ce manuscrit. (Rudolff, Cardan par
exemple. Voir la prochaine leçon)
|