De 1600 à 1900
-
- Il reste très près de Ptolémée : sans
profiter du travail des Arabes ni même de celui de
Regiomontanus : toujours les cordes et non le sinus. Mais
R = 1000 000 et les tables donne la demi-corde du double
de l'arc. N'utilise pas la loi du sinus, il se ramène
toujours à des triangles rectangles.
-
Bibliographie :
Alexandre Koyré, La révolution astronomique, Copernic,
Kepler, Borelli, Paris : Herman, 1961, chap. VIII et
IX.
Kepler, Le musicien du ciel, Pour la Science, Les
génies de la science, n° 8, août-novembre 2001, pp. pp. 44-51.
Victor Katz, History of Mathematics, p. 409-416.
Eric j. Aiton, How Kepler Discoverd the Elliptical Orbit, The
Mathematical Gazette, vol. 59, December 1975, n° 410,
pp. 250-260.
Les première et deuxième lois de Kepler pour les orbites des
corps célestes.
- Par les mesures de Tycho
Brahé et les siennes, Kepler constate que l'orbite de
la Terre et de Mars ont une excentricité e (distance entre
le Soleil et le centre de l'orbite) supérieure à la marge
d'erreur des mesures. Cette excentricité (e) existe donc
vraiment. Il se rend aussi compte que la vitesse linéaire
des planètes varie en fonction de la distance au Soleil, et
que le minimum et le maximum se produisent à l'aphélie et au
périhélie. Cela est en accord avec son principe que le force
du soleil est inversement proportionnelle à la distance au
soleil. À ces points, la vitesse est inversement
proportionnelle à la distance au soleil.
- Il étend cette règle de vitesse inversement
proportionnelle à tous les points de l'orbite (D'abord en
divisant son cercle en 180 parties, puis en considérant une
infinité de parties). Dans chacune de ces parties on a donc
v = k/PS, où PS est la distance Terre-Soleil (ou
planète-Soleil). donc, vitesse x PS = k. Supposant tout
constant pour cette partie du cercle, et que cela prend un
temps t, toujours le même pour parcourir une de ces parties
(car la vitesse angulaire autour d'un certain point est
constante), on a que vitesse x t x PS = k x t. Or vitesse x
t = distance parcourue. De plus, vitesse x PS est
proportionnel à l'aire du triangle très petit formé par le
secteur d'orbite délimité par les positions extrêmes de la
planète pour la partie d'orbite. Donc, dans le temps t
nécessaire pour parcourir chacune de ces parties, l'air
balayée par le rayon PS est la même; d'où la première loi :
le rayon vecteur PS balaie des aires égales en des temps
égaux. (1602). Cette loi (qui est en fait la première
découverte par Kepler) lui servira par la suite pour
déterminer l'orbite de Mars.
- Question : déterminer la position de la
planète à un instant donné. (Réponse dans le Astronomia
Nova, 1609)
- Il constate que 2 ensembles de trois
points de l'orbite de mars déterminent des cercles
égaux. Donc l'orbite ne peut être circulaire.
- De plus, si on prend la demi-distance
entre l'aphélie et le périhélie comme le rayon d'un
cercle, la deuxième loi ne se vérifie pas.
- Il essaie avec un déférent (à vitesse
non constante) et un épicycle. Cela lui donne un oeuf.
Pour vérifier sa deuxième loi, il approxime l'oeuf par
une ellipse, car la mesure des aires d'une ellipse a été
étudié par Archimède et les Grecs, alors que rien n'a
été fait pour son « oeuf ». Mais le grand axe de
l'ellipse est trop long par rapport au calcul. Il doute
de sa seconde loi.
- À partir de 22 observations précises de
mars, il voit que l'orbite s'approche d'une ellipse
parfaite.
- Il remarque alors qu'à la mi-chemin
entre les absides, la distance AR entre l'orbite et le
cercle dans lequel l'orbite est inscrit est 0,00429 du
rayon et que cela est égal à (e2)/2.
Il fait alors le calcul suivant : CA/CR = 1,00430, ce
qui est très prêt de 1,00429.
- Lui vient
alors à l'esprit que 1,00429 est la sécante de l'angle
a, à la mi-chemin entre les absides. Il tire de là que
SA/CA étant la sécante de a et que CA/CR étant égale à
peu près à SA/SB, on a SA/SB = SA/CA. Il généralise en
remarquant que CA est la projection de SA sur le rayon
du cercle et conjecture, en écrivant SP pour la distance
entre le soleil et la planète, qu'on a la proportion
SM/SP = SM/MT.
D'où, SP = MT et donc SP =
MC + ecos(c).
Reste à savoir où est
véritablement la planète, puisque cette conjecture
permet simplement de calculer la distance planéte-soleil
à chaque instant et non la position exacte de la
planète.
- Il choisit dans une première tentative
de prendre le point à distance MC + ecos(c) qui se
trouve sur le rayon MC.
Mais il constate que même si la courbe ainsi obtenue,
qui n'est pas une ellipse, protège la distance par
rapport à l'observation, elle ne protèges pas les
angles. Il y a une erreur de 5' avec les observations.
- Il revient au déférent et à l'épicycle,
sans succès.
- Il reprend les calculs avec sa formule
pour la distance au soleil, en gardant la distance SP =
MC +ecos(c), mais il place le point sur la
perpendiculaire abaissé sur le rayon entre les absides
depuis le point M d'intersection de l'angle c avec le
cercle circonscrit. Alors, reprenant les calculs en
tenant compte de l'angle s, au Soleil, il montre que la
courbe obtenue est une ellipse, qu'elle correspond aux
observations et qu'elle satisfait sa deuxième loi.
On peut montrer qu'il s'agit bien d'une
ellipse, si on pose a = 1 et b = 1-(e2)/2, et
en considérant que le segment se terminant à P
perpendiculaire au rayon des absides est toujours b fois
celui se terminant à M, ce qui une propriété des
ellipses :
Notant SP par R, on a R cos(s) = e +
cos(c) et Rsin(s) = bsin(c). Calculant par là la valeur
de R, en élevant les deux égalités au carré, on a R2
= e2 + 2ecos(c) + 1 - e2sin2(c)
+ (e4sin2(c))/4.
En négligeant le terme de degré 4, on
obtient R = 1 + e2 cos(c). De plus
l'excentricité de l'ellipse (la racine carré de la
différence des carrés des axes) est 1 - b2 =
e2, si le terme de degré 4 est ignoré. Depuis
ce temps, l'excentricité est utilisée pour distinguer
les différentes coniques.
-
Viète
(1640-1603)
[François Viète, Oeuvres Mathématiques, Deuxième
partie : Oeuvres géométriques, trigonométrie, suivie de la
relation du calendrier véritablement grégorien, trad. par Jean
Peyroux, Paris, 1992, p. 204.]
Vocabulaire :sinus total (le rayon de
la table trigonométrique), sinus, sinus du restant
à un droit (sinui reliqui è recto : cosinus pour
nous), prosinus (tangente), transinus (sécante),
prosinus du restant d'un droit (cotangente), transinus
du restant d'un droit (cosécante).
Étant donné les angles d'un triangle
rectangle plan, les côtés sont donnés dans les parties de
la Table.
En effet :
D'après la première série tabulaire :
La perpendiculaire sera faite semblable au sinus de l'angle
aigu. La base, au sinus du restant à un droit. L'hypoténuse,
au sinus total.
Ou,
D'après la seconde série :
La perpendiculaire sera faite semblable au sinus total. La
base, au prosinus de l'angle aigu. La base, au sinus total.
L'hypoténuse, au transinus de l'angle aigu.
-
Napier
(1550-1617) et les logarithmes
1614 : Napier et les logarithmes, pour le
calcul avec les sinus, pour chaque minute, R = 10 000 000 :
angle
|
sin(a)
|
log sin(a)
|
log tan(a)
|
log sin(90°-a)
|
cos(a)
|
90°-a
|
34° 40'
|
5688011
|
5642242
|
3687872
|
1954370
|
8224751
|
55°20'
|
Les calculs trigonométriques facilités par ce
genre de table.
- Première utilisation systématiques des
fractions décimales en mathématiques supérieures
- Règles de Napier : notation Nlog
- Nlog(R) = 0
- si a/b = c/d alors Nlog(a) - Nlog(b) =
Nlog(c) - Nlog(d)
- d'où x/y = y/z ==> 2 Nlog(y) =
Nlog(x) + Nlog(y)
- et x/y = z/w ==> Nlog(x) +
Nlog(w) = Nlog(y) + Nlog(z)
- NB : on n'a pas Nlog(xy) = Nlog(x) +
Nlog(y)
- Un exemple : Dans un triangle rectangle, si
on connaît deux côtés, A et C, C étant l'hypoténuse, on peut
trouver l'angle a opposé au côté A connu de l'angle droit :
sin(a)/R = A/C. Donc Nlog(sin(a)) = log(A) - log(C) +
Nlog(R), où Nlog(R) = 0.
- Un autre exemple : Dans un triangle
quelconque, A et B, des côtés connus et a, l'angle opposé à
A, connu. Résoudre par la loi des sinus. Les Nlog permettent
de faire le calcul. Il y a deux solutions, l'une inférieure
à 90°, l'autre, supérieure.
- Le Nlog de la fonction sécante s'obtient en
changeant le signe de Nlogcos.
- 1637 : Roberval (1602-1675) trace, dans son
étude de la cycloïde, la courbe d'équation y = a(1-cos(x/a))
et y = sin(x). (Voir le cours 10 pour le tracé
de (1-cos(x)).)
- 1657 Pascal
(1623-1662) , Traité du sinus du cercle, calcul l'aire
sous la courbe rsin(x). On voit une relation entre le calcul
de l'aire sous le sinus et le cosinus.
[ Pascal, Oeuvres complètes, Macmillan company, 1963.
p. 157.
Fragment du Traité des sinus du quart de cercle In
Geodefroy-Guillaume Leibniz, Oeuvre concernant le calcul
infinitésimal, trad. Jean Peyroux, Paris : Blanchard,
n.d., p. 123-127. UQAM QA302 L452]
- 1668 James Gregory
(1638-1675) développe la fonction arcsin (x) en une série. Il
fait de même pour arctan (Résultat
connu en Inde en 1530).
- 1693 Leibniz
(1646-1716)
caractérise le sinus par d2y/dx2 = -y.
[Katz, Victor, History of Mathematics, pp. 529-530.]
Dans le cadre de son étude sur la fonction
sinus, Leibniz est amené à choisir une notation pour la
dérivée seconde qui correspond à notre notation actuelle.
Voici les calculs qui le mène à cette notation (Voir la
figure)
Leibniz étudie la fonction sin(y) = x, où y est
un arc du cercle de rayon 1.On a que le triangle différentiel
(dx, dy,
dw) est semblable au triangle
dans le cercle [les côtés sont respectivement
prenpendicuaires]. De cette similitude on a
dw/dx
= x/Racine(1-x2),
d'où dw = x dx/Racine(1-x2).
Or dx2
+ dw2 = dy2,
et donc dy2 - dx2
= dw2 = x
dx2 / Racine(1-x2).
En calculant et simplifiant, on obtient
dy2
= dx2 + x2dy2.
En considérant que dy est constant (le pas de
la différentiation), il applique d, comme opérateur et obtient
d(dy2)
= d(dx2 + x2dy2),
soit 0 = d(dx2 + x2dy2).
Ainsi, 0 = 2(dx)d(dx)
+ 2xdxdy2,
et donc dx d2x
+ x dx dy2
= 0. D'où l'expression d2x
/dy2 = -x.
- Leibniz, 1694 : Actes des Savants de
Leipzig de l'an 1694 : description du tracé de la
ligne des sinus. [In Godefroy-Guillaume Leibniz, Oeuvre
concernant le calcul infinitésimal, trad. Jean Peyroux,
Paris : Blanchard, n.d., p. 35.]
- Marquis de l'Hôpital
(1661-1704), Analyse des infiniments petits, Pour
l'intelligence des lignes courbes, Paris, 1696.
On n'y retrouve aucune fonction trigonométrique.
- 1730-1748 : Euler
(1707-1783), le véritable inventeur des fonctions
trigonométriques. Le cercle de rayon 1 devint la norme en
trigonométrie.
[Léonard Euler, Introduction à l'Analyse infinitésimale,
trad. J.B. Labey, tome premier, Paris 1796. Chap. VIII, Des
Quantités transcendantes qui naissent du Cercle. Première
publication 1748, Lausanne.
D.J. Struik, A Source Book in Mathematics, 1200-1800,
Cambridge, Mass : Harvard univ. Press, 1969, pp. 345-351.]
- Qu'advient-il des méthodes d'arpentage pendant
les XVIIe et XVIIIe siècle ?
Pour le savoir voir : Xavier Lefort, Arpentage et
mathématiques au XVIIème, dans Evelyne arbin et al.,
Mathématiques arts et techniques au XVIIème siècle, Publications
de l'Université du Maine, N° 4, 1987, pp. 255à 274.
- 1807 Fourier
(1768-1830) utilise les séries trigonométriques pour
représenter des fonctions.
- Au cours du siècle : définition d'ensembles,
étude de l'intégrale comme une mesure de surface, notion
générale de fonction. (Voir
le tableau des liens historiques de l'évolution de la
notion de fonction)
- Pour plus de détails,voir les articles de
Louis Charbonneau dans le recueil de textes (pp. 4-7 à
4-15).
- Pour l'utilisation de l'analyse de Fourier :
Bracewell, Jean-Baptiste Fourier, dans Les
mathématiciens, Paris : Belin, 1996, pp. 86 à 95. Dans
le même livre, il y a aussi un article sur Cantor, par
Joseph Dauben, qui est intéressant (pp. 182-195).
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