Au-delà du cercle et du compas
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Pourquoi se limiter au cercle et au compas ?
Quatre raisons (selon Jean-CLaude Carrega, théorie
des corps, La règle et le compas, Nouvelle édition,
Paris : Herman, collection Formation des enseignants et
formation continue, 1989, chap. I. Voir aussi Joëlle Delattre,
Rudolf Bkouche, Pourquoi la règle et le compas ?, dans Historie
de problèmes, histoire des mathématiques, Commission
inter-IREM, Épistémologie et histoire des mathématiques, IREM
de Lyon, 1992 (Pour ICME - Québec 92), pp.79-102.
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Les courbes les plus simples, et les plus élégantes et
parfaites, sont la droite et le cercle.
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Influence de Platon
et de son école, l'Académie.
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Besoin de figures claires pour que les démonstrations
soient convaincantes.
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La découverte des incommensurables (irrationnels) :
tracer l'hypothénuse d'un triangle rectangle isocèle peut
se faire avec la règle et le compas.
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Les quatre problèmes grecs : la règles et le compas sont
insuffisants.
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La quadrature du cercle
(Voir Euclide
(format pdf,) livre douzième, prop. 1)
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La duplication du cube (La légende
de son origine)
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Hippocrates
de Chios (v. 470-410) : le problème se ramène à
trouver deux moyennes proportionnelles entre 1 et 2, 1/x
= x/y = y/2 => (1/x)3 = 1/2, donc x est le
côté du cube qui a un volume double du cube de côté 1.
- AJOUT : Équerre
de Platon (ne fonctionne pas)
- AJOUT : Mésolabe
d'Ératosthène (ne fonctionne pas)
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La trisection de l'angle
- Hippias (v. 460-400 av. notre ère) : la quadratrice :
arcCOX / arcCOA = CM / CO
Cliquez ici
pour une image dynamique (ne fonctionne pas)
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La construction des polygones réguliers
Ces problèmes sont-ils résolubles par la règle et le compas
?
- La quadrature du cercle : NON - 1882 par Ferdinand Lindeman
(1852-1939)... car pi est transcendant.
- La duplication du cube : NON - 1837 Pierre-Laurent Wantzel
(1814-1848)... caractérisation algébrique des coordonnées
des pints constructible à l'aide de la règle et du compas
(suite aux travaux de Gauss et Descartes
(1595-1650))
- La trisection de l'angle : NON - idem.
- La construction des polygones réguliers : conditions de
constructibilité données par Gauss
(1777-1855) (condition suffisante) en 1796, et Wantzel en
1837 (condition nécessaire).
Les coniques
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Menechme (v. 380-320 av. notre ère) : cône à sommet droit.
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Apollonius
de Perga (v. 280-180 av. notre ère)
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La parabole à partir du cône.
Considérons
un cône droit à base circulaire. La trace dans le plan
vertical (écran) est ABC. Coupons ce cône par un plan pour
lequel w = a
(C,est-à-dire que le plan de coupe est parralèle au côté du
cône). (P et E sont dans ce plan tout en étant dans le plan
vertical ABC).
La
trace du cône dans le plan sécant est la courbe passant
passant par les point P, Q, W. Si, par ailleurs, on coupe le
cône par un plan parallèle à la base du cône et si ce plan
horizontal coupe le plan sécant sous le point P, la trace du
cône dans ce plan horizontal est un cercle. Le segment QW
est dans l'intersection de ce plan horizontal et du plan
sécant. Par ailleurs, les points Q et W sont aussi sur le
cône. Ils sont donc aussi sur la courbe qui est la trace du
cône dans le plan sécant. (Q et W sont des points de la
parabole).
Nous cherchons à déterminer une relation qui nous permette
d'affirmer que la trace du cône dans le plan sécant est bien
une parabole. Pour faire cela, étant donné un point Q
quelconque de cette trace, il suffit d'établir une relation
entre le segment QV et le segment PV, car ces deux segments
sont orthogonaux (car les segments PQ et PV sont dans le
plan sécant et perpendiculaires l'un à l'autre, étant donné
que le cercle HWKQ et que le plan sécant sont
perpendiculaires au plan vertical [par construction, voir le
cours Géométrie II]) et donc que l'un peut jouer le rôle de
x et l'autre le rôle de y. C'est comme si on placait dans le
plan sécant un plan cartésien orthogonal d'origine P et
orienté comme le montre la figure à gauche. Alors PV joue le
rôle de y et QV joue le rôle de x. Nous cherchons donc une
relation entre PV et QV qui soit de la forme mQV2
= a x mPV, où a est une constante qu'il nous faudra exprimer
en termes géométriques.
Remarquons d'abord que si on regarde le cercle HQKW d'en
haut, on voit la figure suivante.
- Dans
cette figure, dans le cercle HQKW, on a la relation
suivant :
mQV2 = mHV x mVK. (*)
(Car les points H, Q, et K forment un triangle
rectangle, HK étant le diamère du cercle. Or, dans un
traingle rectangle , la hauteur élevée sur
l'hypothénuse est moyenne proportionnelle entre les
deux segments déteminés par la hauteur sur
l'hypothénuse.)
Il nous faut maintenant faire apparaître PV dans la
partie de droite de cette équation.
- Considérons les triangles semblables dans le plan
vertical ABC:
- Le triangle PHV est semblable au triangle ABC. On a
donc :
HV/PV = BC/AC.
- Le triangle PAK' est semblable au triangle ABC, où K'
est la point d'intersection de la parallèle à la droite
dBC passant par P et de la génératrice du
cône dAC. On a donc :
PK'/AP = BC/BA.
- En utilisant les deux proportions trouvées en 2, on peut
exprimer mHV et mVK
(mVK = mPK', car le quadrilatère PK'KV est un
parallélogramme) comme suit :
- L'expression (**) correspond à ce que je cherche. En
effet, si je note mQV par x et mPV par y, j'ai comme
expression
x2 = y x [mBC2 / (mAC
x mBA)] x [ mAP] = y x k, où on aimerait que k soit une
constante.
Voyons donc si k est effectivement une constante,
c'est-à-dire qu'il a une valeur qui ne dépend pas de la
position de Q sur la parabole. D'abord notons que k est le
produit de deux facteurs.
- Le premier facteur, [mBC2 / (mAC x mBA)],
est formé de segments qui sont en fait caractéristiques
du cône. En effet, les segments AB, AC et BC dépendent
simplement de l'ouverture du cône au sommet A. Donc ce
facteur change de valeur avec la plus ou moins grande
ouverture du cône en A. C'est donc une constante qui ne
dépend pas de la position de Q sur la parabole, mais qui
dépend du cône.
- Le second facteur, [mAP], ne dépend pas du cône comme
tel, mais plutôt de la position du plan sécant puisqu'il
donne la distance entre le sommet du cône et le point où
le plan « commence » à couper le cône. Il caractérise
donc la position de plan sécant par rapport au cône.
k est donc vraiment une constante, qui contient de
l'information à la fois sur le cône et le plan sécant.
Exemple : la cas du cône « équilatéral »
Afin de fixer les idées, considérons un cône qui
simplifiera au moins un des deux facteurs de la constante
k. Ainsi, un cône qui ferait en sorte que le premier
facteur , [mBC2 / (mAC x mBA)], soit 1 serait
un avantage pour voir ce qui se passe. Pour cela, il faut
que mBC2 = (mAC x mBA). Pour cela, il suffit
de prendre un cône dont la trace dans le plan écran soit
telle que mAB = mBC = mCA. Il suffit donc de prendre un
cône dont la trace dans le plan écran avec un cercle de
base soit un triangle équilatérale. Alors, dans ce cas,
k = mAP.
Autrement dit, la constance k égale précisément la
distance entre le sommet du cône et le point qui est à
l'intersection de la droite qui est la trace du plan
sécant dans le plan écran et la trace du cône dans le plan
écran.
On peut conclure de là que la parabole d'équation y = x2,
pour lequel donc k = 1, correspond exactement à la trace
d'un cône « équilatéral » dans un plan sécant, tel que w
= a, qui coupe le cône «
équilatéral » à une unité du sommet du cône.
Remarque : Les unités de mesure utilisées dans le
plan cartésien où on trace la parabole d'équation y = x2
doivent être les mêmes que celles utilisées pour la mesure
du cône. Autrement, on aurait pas exactement la même
parabole (avec les même mesures) dans les deux cas, mais
deux paraboles semblables.
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Décrire les coniques : Les Coniques
Parabole (Livre I proposition XI)
QV2
= PV
x D,
où D
est tel que
D
: PA = BC2
: AC x AB
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Texte d'Apollonius
Si un cône est coupé par un plan
passant par l'axe [plan ABC], et s'il est coupé
par un autre plan coupant la base du cône
suivant une droite perpendiculaire à la base du
triangle passant par l'axe [plan
PVQ]; si, de plus, le diamètre [PE]
de la section est parallèle à l'un des côtés du
triangle passant par l'axe, le
carré de toute droite menée de la section du
cône, parallèlement à la section commune du
plan sécant et de la base du cône, jusqu'au
diamètre de la section, équivaut au
rectangle délimité par la
droite qu'elle découpe sur le diamètre, du
côté du sommet de la section, et par une
certaine droite dont le rapport à la
droite située entre l'angle du cône et le
sommet de la section est le même que
celui du carré de la base
du triangle passant par l'axe au
rectangle délimité par les
deux côtés restants du triangle. Nous
appelleronts une telle section une parabole.
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L'ellipse
L'hyperbole
N.B. Asymtote et symptôme ont la même étymologie : du grec sun
(avec) et pitein (tomber). Le a est un privatif.
Comment découvrir : l'analyse des anciens
Pappus
d'Alexandrie (290-350),
La Collection Mathématique, Trad. Paul ver Eecke, Paris 1933, p.
477.
Livre VII
Le champ de l'analyse, tel que je le conçois,
mon fils Hermodore, est la matière particulière dont disposent
ceux qui, après avoir acquis les éléments vulgaires, veulent
puiser dans les lignes la puissance de trouver les problèmes
qui leurs sont proposés. C'est en suivant la voie de l'analyse
[analusiV, la résolution] et de la
synthèse [suntesiV,
la construction] que cette matière a été traitée par trois
hommes : Euclide, auteur des Éléments, Apollonius de
Perge et Aristée l'Ancien. L'analyse
est donc la voie qui part de la chose cherchée, considérée
comme étant concédée, pour aboutir, au moyen des
conséquences qui en découlent, à la synthèse de ce qui a été
concédée. En effet, supposant, dans l'analyse, que la chose
cherchée est obtenue, on considère ce qui dérive de cette
chose et ce dont elle est précédée, jusqu'à ce que, revenant
sur ses pas, on aboutissent à une chose déjà connue ou qui
rentre dans l'ordre des principes ; et l'on nomme cette voie
l'analyse en tant qu'elle constitue un renversement
de la solution. Dans la synthèse, au
contraire, supposant la chose finalement perçue par
l'analyse comme étant déjà obtenue, et disposant dès lors
ses conséquences et ses causes dans leur ordre naturel,
puis, les rattachant les unes au autres, on aboutit en
dernier ressort à construire la chose cherchée ; et c'est ce
que nous appelons la synthèse.
Exemple 1
(Trouver une démonstration d'une propriété)
Soit un cercle de diamètre AB. Soit DC, une
perpendiculaire abaissée du point C du cercle sur AB. Alors, AD
est à DC comme DC est à DB.
Exemple 2
(Trouver une construction)
Pappus, Collection mathématique, Livre VII, proposition
105
Pappus d'Alexandrie, La collection mathématique, trad. de
Paul ver Eecke, Paris, Bruges, 1933, t. II, p. 640-642.
Le cercle ABG étant donné de position, et deux
points D, E étant donnés extérieurs au cercle. Trouver un
point B sur le cercle tel que EB prolongé coupe le cercle en A
et DB prolongé coupe le cercle en G, de telle sorte que le
segment AG soit parallèle à DE.
Analyse
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Synthèse
|
Hypothèses
1) Supposons la
construction effectuée. Donc,
- A, B, G sont des
points du cercle de position connue ;
- AG |
| DE ;
- B est le point d'intersection de
AE et GD.
2) Les points D
et E sont donnés, de par l'énoncé du problème.
3) Le cercle
est donné.
Transformation
(Cherchons à
arriver par déduction à un énoncé vrai ou
réalisé)
Menons par A le
segment AZ tangent au cercle qui coupe le
prolongement de DE en Z.
Alors l'angle ZAE
= l'angle AGD
[Ils
interceptent le même arc de cercle]
D'autre
part l'angle
AGD = l'angle GDE.
[Angles
alternes internes]
Donc
l'angle
ZAE
= l'angle
AGD
= l'angle
GDE.
Alors
l'angle
ZAE
+ l'angle
GDZ
= 180° et donc le quadrilatère ABDZ est
inscriptible.
[Propriété
connue des quadrilatères. Éléments III-22]
D'où
AE•EB = ZE•ED
[Éléments
III-36]
La
question est alors de savoir si cela est vrai ou
réalisé, c'est-à-dire est donné. C'est le rôle
de la Résolution.
Résolution
Puisque
le point E est donné, la tangente au cercle
passant par E est donné. Le point de tangence
est H.
Donc
AE•EB est donné
[car
AE•EB = HE2 par Éléments
III-37]
et
donc ZE•ED est donné.
Or
ED est donné
[car
E et D sont donnés]
et
donc ZE est aussi donné et, E étant donné, Z
l'est aussi.
Z
étant ainsi donné, le point A, de tangence de la
tangente avec le cercle, est aussi donné.
A
et E étant donnés, AE est aussi donné.
AE
et le cercle étant donné, B est donné.
D,
E, B étant donnés, DB et DE son donnés
|
(Lire
de bas en haut)
Donc
AG || DE, les angles AGD et GDE étant alternes
internes.
Or
l'angle ZAE = l'angle AGD, et donc l'angle AGD
= l'angle GDE.
D'où
l'angle ZAE =
l'angle GDE
Donc
les points A, B, D, Z sont sur un cercle et donc
l'angle
ZAE
+ l'angle
GDZ
= 180°
Il
s'ensuit que AE•EB = ZE•ED
On
a que AE•EB = HE2 = ZE•ED [Él.
III-36,
37]
Démonstration
Je
dis que GA est parallèle à DE.
Prolonger
DB. G est le point d’intersection de ce
prolongement et du cercle.
Tracer
AE, ce qui détermine le point B, l'intersection
de AE et du cercle.
Du
point Z tracer la tangente au cercle. Cette
tangente touche le cercle en A.
Placer
Z tel que ZE•ED = HE2
Du
point E tracer la tangente au cercle. Cette
tangente touche le cercle en H.
Construction
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Archimède (287-212) et l'usage de la mécanique
La méthode relative aux théorèmes mécaniques
Rappel préliminaire
Le principe du levier : Fd = F'd' ou F est à F' comme d' est à
d.
Énoncé : Soit AG la base d'une
parabole. Trois fois le secteur de parabole ABG et quatre fois
le triangle ABG ont la même aire, où AD = DG et BD
est | | au diamètre de la parabole.
Démonstration
:
Soient GZ
tangent à la parabole en G et AZ | | au diamètre.
1) Par des
théorèmes sur les paraboles, on a DB
= BH
Et donc
l'aire du triangle AZG est égal à quatre (4) fois l'aire
du triangle ABG.
2) Par un
théorème sur les paraboles, si O est un point quelconque
de la parabole, on a
ME
est à EO
comme GA est à AE (ME:EO
:: GA:AE)
Par
ailleurs, par les triangles semblables, GA est à AE
comme GK
est à KN
(GA:AE ::GK:KN)
Donc, ME
est à EO
comme GK
est à KN
(ME:EO
:: GK:KN)
(Pensons au levier ici).
3)
Prolongeons le segment GK au delà de K jusqu'à un point
T tel que GK
= KT.
On a
alors, par le point 2), que ME
est à EO
comme KT
est à KN.
4) On peut
interpréter cette proportion, par le principe du levier,
comme voulant dire que le segment OE
placé à T
équilibre le segment ME
placé à N,
avec pour pignon le point K.
5) Prenant
alors successivement tous les points "O"
de la parabole délimitant le secteur et considérant que
le secteur ABG est composé des segments "OE"
accolés les uns aux autres et que le triangle AZG est de
même composés des segments "ME"
accolés les uns aux autres, on peut dire que le secteur
ABG placé à T,
perpendiculaire au plan du secteur (donc perpendiculaire
à l'écran) équilibre le triangle AZG, autour du pignon K.
Autrement
dit, si x est le centre de gravité du triangle AZG, on a
que le triangle AZG est au secteur ABG comme TK
est à Kx.
6) Or le
centre de gravité du triangle AZG se trouve sur GK
à un point x
tel que Kx
soit le tiers de GK.
Il en résulte donc que le triangle AZG est au secteur
ABG comme TK
est au tiers de KG,
autrement dit comme 3 est à 1. Donc le secteur ABG est
trois fois plus petit que le triangle AZG. Or, comme on
l'a dit en 1), le triangle AZG vaut quatre fois le
triangle ABG. Il en découle que trois fois le secteur de
parabole ABG correspond à la même aire que quatre fois
le triangle ABG.
CQFD
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Archimède continue en disant : « Ce que nous
venons de dire ne démontre sans doute pas ce qui précède, mais
donne jusqu'à un certain point l'idée que la conclusion est
juste. C'est pourquoi, reconnnaissant nous-même que la
conclusion n'est pas démontrée, mais ayant dans l'idée qu'elle
est exacte, nous donnerons en son lieu la démonstration
géométrique que nosu avons trouvée et déjà publiée.» (Preuve
synthétique publiée dans le livre De la Quadrature de la
Parabole.)
La fin des mathématiques grecques - Réfléxion à
partir de la chronologie.
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